Saturday, September 30, 2017

C'était Toi ...

Hier, alors que j'étais en voiture, je t'ai vu. Je reconnaîtrais ta silhouette et ta démarche entre mille. Cette façon nonchalante de marcher, de traîner tes chaussures sans vraiment traîner les pieds. Cette habitude de t'habiller en noir de la tête aux pieds. Cette coupe de cheveux, à la tondeuse parce que c'est plus pratique. Toujours ce souci de gagner du temps pour faire autre chose. Tu marchais avec un pote qui poussait une poussette. Vous rigoliez. Il marchait sur le trottoir, toi sur la route. Mais quand je suis arrivée, forcément, tu t'es poussé, tu t'es retourné vers moi ... Nos regards se sont croisés l'espace d'un instant. Et c'est en cet instant, durant cette fraction de seconde qui m'a pourtant semblé éternelle, que je me suis rendue compte que ce n'était PAS toi. Bien sûr que ce n'était pas toi! Que ça ne POUVAIT PAS être toi. Sauf que l'espace d'un instant, j'y ai cru.

On dit qu'on a tous, dans le monde, 7 sosies. C'est la deuxième fois que je croise un des tiens. La première fois, c'était il y a 3 ans quand je suis venue m'installer en Charente, alors que je faisais mes courses au supermarché. Ce moment où tu regardes à droite, à gauche, alors que tu remontes l'allée centrale histoire de t'assurer de ne manquer aucun rayon dans lequel tu dois prendre un truc et paf, il était là, à choisir son paquet de sucre en poudre. Ça m'a clouée sur place. J'ai quand même eu le pseudo courage de m'approcher pour m'assurer que je ne rêvais pas. De plus près, y'a pleins de trucs qui clochaient mais le choc n'en était pas moindre. Ça secoue de voir un mec qui ressemble à quelqu'un qui est mort. Ta raison te dit: mais t'es con putain, ça peut pas être possible bordel, il n'est plus là, c'est pas lui qu'achète son sucre en poudre ou qui se balade dans la rue avec son pote. Ton cœur par contre, ah, lui, c'est une autre histoire. Ton cœur lui, il a trop envie d'y croire. Il a envie de pouvoir te dire que toute cette mascarade n'était finalement qu'un mauvais rêve et que, envers et contre tous, ton petit frère adoré a atterri dans le supermarché du pauvre bled de Charente dans lequel tu t'es installée et fait des courses pour que tu puisses lui faire ton gâteau au yaourt.

C'est perturbant comme expérience. Ça déchire ton âme et ton cœur une nouvelle fois. Un sursaut d'espoir qui retombe malheureusement comme un soufflé.

Je ne crois pas au hasard. Je suis convaincue, encore et toujours, que tout arrive pour une raison précise au moment précis ou cela doit arriver. Hier encore, tu m'as fait un signe. Tu me manques 'tit frère. Tu me manques ...


It Was You

Yesterday, as I was driving in my car, i saw you. I could recognize your figure and your walk in between thousands. That casual way of walking, kinda dragging your shoes without dragging your feet. That habit of dressing in black from head to toes. That GI haircut you did yourself because it's easier. Always that will to save some time to do other (more interesting) stuff. You were walking with a friend pushing a stroller. You were laughing. He was walking on the sidewalk, you were on the street. As i got closer, you shifted and turned around to watch the car approaching. Our eyes met for a split second. And during that particular second which seemed much, much longer, i realized that no, it wasn't you. Of course it wasn't you. It COULDN'T be you. Except that, for that very split second, i believed it was.

I read somewhere that we all have 7 lookalikes in the world. It's the second time i met one of yours. The first time, it was 3 years ago. I was doing my grocery shopping in the local supermarket, pushing my kart in the main aisle in order to browse all adjacent aisles to make sure i wasn't forgetting anything. And BAM, there he was, chosing between different kinds of powder sugar. I was rooted to the floor. I somehow found the "courage" to go check it out, to check that i wasn't day-dreaming. Getting closer, a lot of little details were off but the shock didn't wear off for a while. It shakes you to the core to see a guy who looks so much like someone who's dead.
Your reason tells you: come on you dumb ass, it can't be true for fuck sake, he's gone, it's not him buying sugar in aisle 4 or him walking down the street with his friend. Your heart, on the other side, well, that's a whole different story. Your heart, it so wants to believe. It wants to be able to tell you that this was all just a bad dream you're waking up from and that your dear beloved little brother landed his ass in the supermarket of the town in the middle of nowhere you live in and that he's currently buying all the ingredients you'll need to make him his favorite cake.

It's a disturbing experience. It tears your heart and soul yet again. A jolt of hope that ends up in the drain in less time than it's needed to phrase it.

I don't believe in coincidences. I believe that everything happens for a reason at the moment it should happen. Yesterday, you were there saying hi.
I miss you lil' bro. I miss you ...

Friday, September 22, 2017

40 ans

Cette année est une "grande" année. Je change de décennie à savoir que je viens de passer le cap fatidique des 40 ans. Bon, je vais être honnête avec vous, c'était effectivement mon anniversaire le 18. Sauf qu'au matin du 18, je ne me suis sentie aucunement différente du matin précédent. En fait, c'est un peu comme ça tous les ans, à chaque anniversaire. Alors? Ça fait quoi d'avoir 40 ans? Ben, euh, rien. C'est un chiffre. Oui mais quand même, 40 ans, on fête pas ça tous les jours ... Comment dire? En fait, c'est le cas tous les ans. On ne fête ses 27 ans, ses 35, ses 50 ou ses 92 qu'une seule fois. C'est un peu le principe en fait. Le même âge ne revient pas quelques années plus tard, ah ba tiens, cette année, tu refêtes tes 35 ans, j'espère que t'as gardé les bougies! 

Donc du coup, c'est vrai, pas de grande fête pour mes 40 ans mais honnêtement, je n'en ai pas fait non plus pour mes 20 ou mes 30. Enfin, si, j'ai fêté mes 30 ans avec peut être un peu trop d'enthousiasme mais les circonstances étaient différentes. En fait, je préfère penser que je ferai un grande fête le jour où on pendra la crémaillère de notre chez nous. Je préfère annoncer la couleur de suite, c'est pas pour demain! Mais bon, peut être qu'on fera une méga fiesta pour les 40 ans de monsieur dans 6 mois.

Plusieurs jours ont passé depuis cette fameuse date socialement si importante et je ne ressens toujours aucune différence. C'est juste quand on me demande quel âge j'ai, que je réponds 40, que je me dis, putain ouais quand même, 40 ans c'est pas rien. Par contre, quand on me dit que ça y'est, je suis à la moitié de ma vie, euh non merci, je compte vivre au delà des 80 ans si ça dérange personne. Quand on voit la proportion de gens aujourd'hui qui atteignent haut la main les 90 ans, je me dis que non, je ne suis pas à la moitié de ma vie ... Peut être pas loin mais pas encore totalement à la moitié.

A part ça, c'est vrai que les nuits blanches, je mets une semaine à m'en remettre mais bon, c'était déjà comme ça à 30 ans. Et même si, surtout vis à vis de ma fille, je m’ôterais bien 10 ans des épaules, je me rends compte que chaque nouvelle décennie a ses avantages. A 40 ans, en général, on sait à peu près où on en est dans la vie. Bon, pas moi mais c'est pas grave. Ce n'est qu'une aventure de plus. Et puis on le dit partout, "orange is the new black" et 40 c'est le nouveau 30.

Bienvenue à moi dans le monde des quadras. Ça fait doucement sourire. Il parait que je fais pas mon âge. Tant mieux. Mais bon, une fois encore, l'âge, c'est quand même principalement dans la tête!

The Big 4-0

This year is a big year. I'm changing decade age-wise, meaning that i'm reaching that fateful age of 40. Honestly, it was indeed my birthday on September 18th but on that very morning, i didn't feel any different than the morning before. Actually, it's pretty much the same every year, at every birthday. So? How does it feel to be 40? Well, hmmm, nothing. It's just a number. Yeah well ok but 40, man, that's quite the mark! How should i put it? It's actually what happens with each and every single of your birthdays. You'll only celebrate your 27th, 35th, 50th or 92nd birthday once. It's actually how birthday work you know. They don't come back every other year, and bam, great, you just turned a few years younger, i hope you saved the candles from 5 years ago when you turned the same age!
So no big celebration for me for my big 4-0 but i don't remember having one for my 20th or my 30th either. Even though i must admit that i celebrated my 30s maybe a little bit too enthousiastically but circumstances you know ...
I'd rather have a big celebration when we'll do the house-warming party of the house we're currently remodelling. Let me be straighforward here, it's not gonna be soon. But maybe we'll have a big party for my man's big 4-0 in 6 months!

Several days have passed since that socialy so important date and i still feel no difference. It's only when i'm asked how old am i and i answer 40 that it kinda hit me in the face. Damn. 40. That's quite something!
But when people are telling me that i've reached the half of my life, i'm like hell no. I intend to live well pass 80 if you don't mind. When you see how many old farts are reaching (and passing well over) 90, i'm thinking that no, i'm not half way through my life. Not just quite.

Apart from that, true story, sleepless nights, well, takes me an entire week to get over it but it was already that way 10 years ago. And even though, especially regarding my baby girl, i'd glady take 10 years off of my shoulders, i realize that with each decade comes new good stuff. At 40, you normaly know where you're standing in life. Well, not me but oh well, it's just another adventure that's just starting. And you read it everywhere: orange is the new black, 40 is the new 30. Yeah, well whatever.

Welcome Me in the 40s. Makes me smile. Aparently, i don't look my age. Good for me. I don't feel it either. But again, age is just a number and in all honesty, it's all in the head!

Saturday, September 02, 2017

5 ans

Une fois n'est pas coutume, aujourd'hui, je vais écrire ce texte en français. Je prendrai peut être le temps de le traduire en anglais pour mes amis anglophones mais peut-être pas. C'est un projet que j'ai d'écrire ce blog en 2 langues mais bon, ça n'est pas le sujet de ce post.

Aujourd'hui est un bien triste anniversaire. A savoir que ça fait 5 ans pile que mon frère nous a quitté, dans un funeste virage du circuit du Val de Vienne. 5 ans qu'il ne passe pas une seule journée sans que je pense à lui, 5 ans que j'ai appris la pire nouvelle de la pire des manières, à savoir la mort de mon frère, apprise sur Facebook, 5 ans aussi que j'ai été, malgré moi, l'annonciatrice de cette terrible nouvelle à ma propre mère. Le cri qu'elle a poussé au téléphone quand je lui ai annoncé la nouvelle me hantera jusqu'à la fin de mes jours. Entendre, pour de vrai, ce cri de déchirement et de désespoir le plus total d'une mère qui apprend la mort de son enfant est digne d'un film d'horreur.

Il existe, selon les experts et médecins, 7 étapes du deuil (1. Choc et déni, 2. douleur et culpabilité, 3. colère, 4. marchandage et négociation, 5. dépression et douleur, 6. reconstruction et 7. acceptation) et il faut, selon les sujets, de 3 à 5 ans pour arriver à l'acception de l'horreur de la perte. Passé ce stade des 5 ans, une personne qui n'avance toujours pas, apparemment, c'est pas sain (ni normal).

Aujourd'hui, ça fait donc 5 ans. Et si la douleur n'est pas aussi intense qu'elle a pu l'être, elle reste là, présente, qui m'accompagne dans chacun de mes pas, chacune des minutes qui s'écoulent de chacun des jours qui passent. Cette douleur sourde qui peut être invalidante, voire handicapante avec cette sensation que le sol se dérobe sous mes pieds et d'avoir un grand trou béant au niveau du ventre ou qui parfois, est juste là, présente mais gérable. 

Mon frère avait 32 ans. J'ai mis beaucoup de temps à accepter l'injustice de son décès. Et j'ai eu beau me dire et me répéter que c'était sa course, sa moto, qu'il est mort au milieu de ses potes en vivant sa passion et que c'était tout de même mieux que d'être passé sous un camion ou un bus en allant chercher son pain, le résultat était le même, il n'était plus là.

Comme tous ceux partis trop tôt, mon frère ne connaîtra jamais certaines choses et ne sera pas là pour partager les moments importants de ma vie ou de celle de ses proches. Il ne connaîtra jamais ma fille qui fait déjà des trucs que lui faisait enfant, mon homme qui a les mêmes goûts musicaux que lui ou le simple fait que je sois habilitée à conduire un poids lourd. Tous ces moments de "tiens, ça plairait à mon frère ça" qui nous ont été volés, toutes ces choses qu'on ne pourra plus partager, ces fous-rires qu'on ne rira pas ensemble et toutes ces années que je devrai vivre sans lui.

5 ans c'est court. Et c'est long à la fois. Mais on a beau avoir passé toutes ces fameuses étapes du deuil, avoir accepté l’inacceptable et surmonté l'insurmontable, on n'en reste pas moins amputé d'une partie de soi. J'avais, avec mon frère, une relation fantastique qui s'améliorait chaque année un peu plus. Il me manque comme jamais. Aujourd'hui tout particulièrement. On n'accepte pas la mort d'un proche. On apprend à vivre avec son absence.